40 ans de Thalassa : Joyeux Anniversaire Monsieur George Pernoud !

« Bon vent ! »… Nul doute que l’équipe de Thalassa n’en manquera pas pour souffler la 40e bougie du magazine de la mer en cette Rentrée 2015 ! « Bon vent ! »… C’est aussi le titre du livre que George Pernoud nous offre à cette occasion. Un titre qui claque tel un pavillon dans la mâture et rappelle l’expression culte postgénérique de fin d’émission. Comme pour prolonger les souvenirs de bord de mer ou l’adage du marin superstitieux qui prémunit des tempêtes, il invite à l’aventure ; celle d’un reporter dont la personnalité et l’image ont fait corps avec le concept d’une émission de référence. 

Bon Vent ! 40 ans de Thalassa, George Pernoud se raconte,
préfacé par Erik Orsenna,
Georges PERNOUD, Carnetsnord éditions Montparnasse,
19 €, 304 pages, 8 pages de cahier photo.

« Bon vent ! », c’est surtout un voyage littéraire entre deux raids : « Avant la mer » et « Après la mer ». En d’autres termes, il y a d’abord l’homme et puis il y a la mer…
Presque comme le refrain de Renaud que George Pernoud se plaît à citer, son livre témoigne de ces deux univers : celui d’un épicurien aux fortes capacités d’adaptations, héritier des valeurs familiales basées sur la confiance et le respect et celui d’un milieu inconnu – marin — se dévoilant progressivement à la manière des Contes des Mille et Une Nuits. 

Avec son côté Tom Sawyer, la mer ne semble être qu’un décor d’arrière-fond dans son enfance marocaine, George Pernoud apparaît dès son plus jeune âge comme une personnalité attachante, rusée, tout aussi contemplative que créative, farouchement attachée à l’Homme et aux évolutions de son temps. En témoignent ses engagements, son intérêt pour la lumière, l’image et les choix professionnels qu’il réalise au fil du temps en tant que journaliste-reporter et professionnel de l’audiovisuel. Loin de se considérer comme un expatrié, il découvre les recoins de l’Hexagone et le monde en même temps qu’il se familiarise avec les ficelles du métier de journaliste-caméraman. « Filmer la vie » telle est sa feuille de route jusqu’à la Whitbread de 1973. 
Un véritable coup de bôme. Quarante-cinq jours en mer qui bouleversent ses repères. « Flotter et avancer » devient à jamais la devise de George Pernoud.

« Ce qui m’enchante en Bretagne, c’est la lumière… C’est comme un air de diamant (…) 
une magie à se noyer dedans. »

La mer a donc pris l’homme (sic !). Pour lui, « l’histoire de la mer, c’est l’histoire de l’humanité. D’une richesse incroyable ». Véritable plaidoyer, la deuxième partie qu’il lui consacre justifie le concept de son émission télévisée à succès. « Si le public regarde Thalassa, c’est parce que cette variété nourrit la curiosité. Et que c’est infini. » La messe est dite ! Ici, des portraits de navigateurs aux personnalités du monde maritime, de l’histoire en passant par l’économie et l’écologie de la mer, cet ouvrage laissera le sentiment aux néophytes comme aux fidèles de l’émission de faire partie de la famille de Thalassa. Le ton littéraire de « Bon vent ! » ressemble à s’y méprendre au style engagé, mais aussi truculent, teinté d’ironie des reportages didactiques et colorés du vendredi soir. Cortège de rencontres et de découvertes perpétuelles et « recherche d’harmonie ». Ce livre reste humble, pudique et militant, fidèle aussi à la rigueur des illustres Pernoud. On attendait cette biographie de Georges par lui-même. Elle se lit avec délicatesse et devrait assurément intégrer les bibliothèques familiales et scolaires.

Quelques regrets cependant sur ce témoignage littéraire en deux actes. Clin d’œil à Lapérouse, il reste aussi encore quelques mystères à éclaircir sur Thalassa… 
Si George Pernoud apparaît indéniablement en homme de cœur, fidèle aux rencontres, respectueuses des marins de toutes les corporations de la mer, ceux de la Royale restent ici les grands oubliés de ses hommages. 
Tout juste une mention relative à la revue institutionnelle et grand public Cols Bleus..
Quels liens la Marine nationale et Thalassa ont-elles réellement tissés lors des reportages à bord du porte-avions CHARLES-DE-GAULLE et d’autres bâtiments gris et noirs ? Certes, l’auteur-réalisateur est un pacifiste. Il l’écrit : il n’aime pas les armes, ni les « horreurs de la guerre » et encore moins les conflits. Un phénomène de causalité dans son renoncement aux théâtres d’opérations et une carrière de reporter de guerre.
En dehors de la genèse de l’émission, le lecteur-téléspectateur ne saura rien non plus sur l’origine de la péniche qui héberge le plateau de Thalassa & la société de production éponyme amarrée aux quais de la Seine de la capitale. Rien non plus sur les journalistes et techniciens de l’émission ! 
… quelques aventures que les marins d’eau douce aimeraient bien encore découvrir dans d’autres expéditions littéraires.



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